« La satisfaction de donner du plaisir à venir travailler »

Conséquence de l’ouverture de notre atelier Art & Artisanat à Saint-Imier, Malvina Bernasconi a repris le poste de responsable du processus d’accompagnement au sein de Prélude SA, site de Valbirse. Dans ses nouvelles attributions, Malvina est le chaînon essentiel entre la direction, ses collègues et les collaboratrices et les collaborateurs de l’entreprise.

Tout d’abord spécialiste dans les arts graphiques, Malvina Bernasconi a suivi, entre 2009 et 2012, la formation de maîtresse socioprofessionnelle ES (MSP) à Yverdon. En 2016, Malvina a complété son cursus par un certificat de Formatrice en entreprise et ensuite de Formatrice à la Pratique Professionnelle. Elle a été engagée chez Prélude depuis sa création en 2017.

Un rôle clé

L’an dernier, Malvina Bernasconi a repris le poste de responsable du processus Accompagnement, pour le site de Valbirse, qui était occupé jusque-là par Natacha Studer. Cette dernière a pris la direction du secteur Art & Artisanat de Prélude SA et de la boutique imérienne qui lui est associée. Malvina précise : « Toutefois, j’ai également gardé ma fonction au sein de l’atelier orientation : je m’occupe des premiers entretiens d’engagement et je constitue les dossiers avec les objectifs à atteindre durant les trois premiers mois. » Parmi ses autres tâches, elle planifie les journées découvertes et définit le planning de présence de la nouvelle personne à intégrer. Pour cette dernière, elle agit en tant que référente et elle l’accompagnera le temps de son assimilation et même après.

Par rapport à ses anciennes attributions, ses nouvelles fonctions impliquent davantage de polyvalence : « J’ai une vue d’ensemble plus large sur la situation de chacun, j’effectue un contrôle de l’application des règles prévues et, si nécessaire, je préconise des actions correctives. » Plus concrètement, c’est une ressource précieuse vers laquelle se tournent ses collègues, ainsi que les collaboratrices et les collaborateurs. Par exemple, les responsables d’atelier vont rédiger un bilan et définir des objectifs ; Malvina se chargera de mettre en place les conditions-cadres idéales pour les atteindre. « Si une personne souhaite effectuer d’autres travaux, dans un autre atelier, l’objectif sera de l’amener à se former à ces nouvelles tâches », précise-t-elle.

Le travail ne manque pas. Au total, ce sont environ 150 personnes qui sont suivies chaque année, « entre celles qui entament la démarche, et qui abandonnent en cours de route, et les autres qui intègrent nos ateliers ». Toujours côté statistique, Prélude SA reçoit environ 80 nouvelles demandes d’intégration chaque année.

Une journée type imprévisible

La variété des tâches et des situations à gérer écartent toute routine dans le quotidien de la MSP. « Aujourd’hui, en arrivant, un collaborateur n’était pas très bien. J’ai discuté un petit moment avec lui, puis, j’ai contacté mon collègue de l’atelier. Nous avons réfléchi ensemble pour lui trouver une place de travail adaptée : Il n’avait pas été à l’aise avec le travail demandé la veille. » Outre la consultation de ses courriels qui débute dès 6h30, la suite du programme donne le tournis : répondre aux sollicitations des collègues qui souhaitent avoir des nouvelles de personnes absentes, la préparation d’un courrier pour une journée découverte ainsi que les différentes séances et son rôle d’interface avec la direction. « Dans une journée, je ne sais jamais ce qui m’attend. Il y a les tâches à planifier et puis le reste. Il n’est pas impossible que je doive résoudre un conflit dans l’atelier. »

Motivée dans ses tâches, elle résume son rôle ainsi : « Le but est de fournir un cadre de travail à nos collaboratrices et nos collaborateurs. Ce sont des personnes essentielles et nous devons en prendre soin. »

Parmi ses autres missions, Malvina Bernasconi s’occupe des mesures de réinsertion AI : elle vérifie les capacités de réinsertion des collaborateurs et collaboratrices de Prélude ; Elle évalue notamment leur capacité à retourner sur le marché du travail. À ce titre, elle s’occupe également de négocier des stages en entreprise, visite les places de travail et effectue des bilans. Formatrice à la pratique professionnelle domaine MSP, elle peut également suivre et conseiller ses collègues en formation ES. De plus, cette année elle sera experte au brevet fédéral des accompagnant·e·s socioprofessionnel·e·s. Malgré cette charge, elle constate de nombreuses synergies : « Toutes ces fonctions se rejoignent. Avant, il y avait différents interlocuteurs, maintenant, on se tourne vers moi et je répartis les situations entre les différents responsables. »

Une sacrée mémoire

Avec sa vue d’ensemble sur les 105 collaboratrices et collaborateurs qui gravitent au sein de Prélude, Malvina connaît chacun d’entre eux. Sa plus grande fierté ? : « L’accompagnement quotidien de chacun et chacune, la satisfaction de leur donner du plaisir à venir travailler et de collaborer avec des collègues de travail. » De plus, Malvina adore collaborer et échanger avec ses collègues avec toujours en ligne de mire l’objectif de privilégier les intérêts des personnes dont elle s’occupe : « Certain·e·s, ont eu un parcours professionnel, d’autres non. On doit s’adapter en fonction des compétences et de l’intérêt de chacun·e de manière à donner du sens au niveau des activités que nous proposons. »

Pour la responsable d’accompagnement, il est essentiel d’être bien organisé et structuré pour assurer l’ensemble de sa fonction. Des qualités auxquelles s’ajoute celle d’avoir une excellente mémoire : « Même pour des collaboratrices ou des collaborateurs dont je n’ai pas eu de nouvelles depuis des années, je peux me souvenir des conditions de leur passage chez nous », sourit-elle. Encore une qualité qui représente un atout indéniable pour Prélude SA.

« ici, je rencontre du monde »

Eugenio a intégré le secteur Art & Artisanat de Prélude SA à l’automne 2021, quelques mois après l’ouverture du magasin de Saint-Imier. Un déménagement et une visite fortuite sont à l’origine de son engagement comme collaborateur au sein de l’entreprise.

Le chemin de vie d’Eugenio est mouvementé. La faute au syndrome de Klinefelter. « C’est une maladie dégénérative, elle provoque notamment des crises d’épilepsie. J’ai ça depuis tout petit », explique-t-il. Si, aujourd’hui, les crises ont disparu, il passe une partie de sa jeunesse en foyer. D’abord à Orvin, ensuite dans le centre pédagogique de Malvilliers dans le canton de Neuchâtel. Ce parcours ne l’empêche toutefois pas de suivre deux ans d’apprentissage en tant que menuisier-ébéniste à Courtepin, un cursus « que j’ai tout de même négligé, donc je n’ai pas eu mon CFC ». Il apprend un peu par hasard qu’il est au bénéfice de l’assurance invalidité. « Mon curateur m’informe que je n’ai même pas besoin de travailler. » Mais c’est mal connaître cet accro au travail manuel. Même s’il profite un peu de la vie pour s’amuser et déménage régulièrement au gré de ses rencontres féminines, il s’accroche et travaille régulièrement.

Découverte de Prélude SA

Alors qu’il vivait à Porrentruy, Eugenio a choisi d’emménager à Saint-Imier pour se rapprocher et s’occuper de sa mère qui vivait là dans un appartement situé au-dessus du magasin Art & Artisanat de Prélude SA. « Quand je suis arrivé, à la place de l’atelier-boutique, il y avait un bureau de courtage. Au printemps, j’ai remarqué l’installation de la boutique, c’était intrigant. » L’homme aime bricoler. Une passion qu’il tient de son père. « Il m’a appris à dessiner et à me servir de mes mains. J’ai continué lorsque j’étais en foyer. » Son talent pour le bricolage – « je suis très manuel », précise-t-il –, il l’a entretenu tout au long de sa vie en donnant des coups de main pour la rénovation de maisons ou en travaillant dans un garage moto.

Un jour, il décide donc de pousser la porte de l’atelier-boutique. « Je ne connaissais pas du tout cette entreprise. Je suis donc allé me renseigner et j’ai rencontré Natacha, la responsable. » Cette dernière porte un regard amusé sur cette rencontre : « Je l’avais déjà vu plusieurs fois. Je pensais qu’il officiait en tant qu’aide à domicile, pas que c’était le fils de notre voisine. » Elle le reçoit et lui explique les missions de Prélude SA. Pour Eugenio, c’est un déclic : « J’ai vu que c’était comme un atelier protégé. Mais un atelier qui permet de faire des choses que l’on aime ! » s’enthousiasme-t-il. Par le passé, il avait travaillé en atelier protégé, une expérience qu’il n’avait pas appréciée.

Le travail manuel dans la peau

Déjà passionné par la pyrogravure, une activité qui occupe son temps libre depuis plus de douze ans, Eugenio démontre quotidiennement l’étendue de son savoir-faire et acquiert de nouvelles compétences. « Par exemple, j’ai appris à faire du macramé. Je travaille aussi sur d’autres projets tels que la création de porte-clés en bouchons ou la confection de fleurs ou d’abeilles en différentes matières. » Il aime cette variété de travaux. « Le bricolage, c’est en moi… Je sais faire. Ce que je n’imaginais pas, c’est qu’on pouvait vendre le fruit de ce travail passionnant. »

Outre la diversité du travail manuel, Eugenio aime venir pour se nourrir de l’ambiance qui règne au sein de l’atelier-boutique. « À la maison, je peux faire de la pyrogravure ou jouer à la console, mais je reste seul. Ici, je rencontre du monde. » Tout au long de sa vie, il a gardé ce goût pour le travail et l’envie de se lever pour réaliser quelque chose. « Quand j’habitais à Porrentruy, je me réveillais à 6 heures du matin alors que je n’avais pas de boulot. Ici, je me lève toujours aussi tôt et j’ai la perspective d’un travail motivant. »

Si Eugenio se plaît dans cette activité, qu’il apprécie le travail en équipe – « même si parfois je préfère bosser seul » –, qui permet de collaborer sur un même projet, il regrette un certain manque de stabilité des collaboratrices et des collaborateurs. « Tu t’habitues à des personnes, puis elles partent et tu découvres ensuite de nouvelles têtes. Quand l’équipe sera plus stable, ce sera encore mieux. » D’ici là, Eugenio peut tout de même compter sur des personnes fiables et qu’il apprécie particulièrement puisque, grâce à lui, et c’est une fierté, sa « meilleure amie a également intégré le secteur Art & Artisanat de Prélude SA ».

Un groupe qui facilite le dialogue au sein de Prélude SA

Mercredi matin, 10h. Plusieurs collaboratrices et collaborateurs se réunissent dans la salle de séance de Prélude SA, à Valbirse. Ce sont les membres du groupe Transhumance. Leur mission ? recueillir et formuler des propositions destinées à améliorer le fonctionnement de l’entreprise. Sa particularité ? il cogite de manière autonome, sans membre de l’équipe encadrante.

Ce matin-là. Ils sont six. Ils représentent les différents secteurs de l’entreprise : mécanique et industrie, art & artisanat, multiservice. Stylo à la main, Jonathan Salvatore coordonne la séance. Aujourd’hui, trois nouvelles personnes intègrent le groupe : Cyril, Valérie et Natacha. Sven et Carole sont les plus anciens du comité.

Sans aucun préambule, on entre dans le vif du sujet. Le premier thème concerne le prix du thé vendu à la cafétéria. Il s’agit de trouver le juste prix et de faire ensuite une proposition . « Qui voudra d’un thé à 2 francs ? » demande Valérie. Ici, et peut-être davantage qu’ailleurs, on pense aux petites bourses.

Jonathan, actuellement en stage au secteur art & artisanat, souligne les qualités du thé : « Il est artisanal et bon pour la santé, ce n’est pas du thé industriel. » Il en profite pour présenter le prototype de la boîte à thé en bois, fabriqué au sein de son secteur. L’objet fait l’unanimité de l’assemblée. La conversation tourne également autour de propositions commerciales : « On pourrait proposer un tarif spécial pour trois paquets. » Le groupe s’accorde sur le prix de 1 franc le sachet.

Des places de parking pas assez larges

La suite de la séance s’accorde sur des aspects plus pratiques et liés à l’organisation de Prélude SA. Le secrétaire de la séance explique qu’il a reçu des demandes : « Les places de parc ne sont pas assez larges ; qu’en pensez-vous ? » Les échanges s’animent. Carole : « Oui, lorsque tu veux sortir de la voiture, il y a toujours le risque d’abîmer celle d’à côté, si tu ne rentres pas assez le ventre. » Puis, dans la réflexion, le groupe pense aux collègues, à ceux dont la mobilité est entravée et « qui ne peuvent pas se contorsionner ». La conversation se déroule dans la bonne humeur. Carole, toujours : « Pour l’instant, je sors facilement de ma voiture… mais pour combien de temps encore ? » plaisante-t-elle.

Au cours de cette heure de réunion, les sujets s’amoncellent. On traite pêle-mêle de la nécessité d’avoir des ventilateurs dans les ateliers cet été lorsque les températures deviennent insupportables, d’une chasse aux œufs pour Pâques ou encore du renforcement de la sécurité des locaux. Actif au sein de l’administration, Cyril relève également quelques réglages à faire sur la caisse de la cafétéria.

Autour de la table, tour à tour, chaque représentant ou représentante remonte des propositions d’amélioration issues des collaboratrices et des collaborateurs du secteur dont il ou elle est issue.  « Il y a des secteurs où la communication mériterait d’être plus fluide », et les différents intervenants comparent leurs expériences au sein de leurs ateliers respectifs.  « Parfois, entre les équipes du matin et celles de l’après-midi, des informations se perdent, insiste notamment Natacha. Et cela crée des malentendus et des grincements de dents. » Cette dernière relève aussi des points positifs : « On a reçu des remerciements pour les cubes odorants dans les toilettes, c’est nettement plus agréable. »

Un groupe solidaire

Parfois, entre une plaisanterie et un sujet d’organisation, la discussion prend des tournures plus personnelles. Ici, on est bien chez Prélude SA, une entreprise à vocation sociale. Les parcours de vie des collaborateurs et des collaboratrices sont souvent cabossés. Parfois, le moral est au plus bas, bien au fond des chaussettes. Aussi, entre collègues, on se confie et, surtout, on se soutient. « Tu sais, tu peux confier tes soucis à Malvina, elle est disponible pour cela. Elle tisse le lien entre les maîtres socioprofessionnels et nous. Tu peux tout lui dire », entend-on. L’assemblée souligne les qualités de dialogue de Malvina Bernasconi, responsable du processus accompagnement au sein de Prélude SA – site de Valbirse. La solidarité entre les différents membres de la séance permet au conciliabule de renouer avec la bonne humeur. Chacun s’exprime sur sa manière de surmonter les épreuves. L’écoute active soigne les blessures de l’âme.

Puisqu’il faut bien faire son autocritique… la séance se conclut par des propositions sur la communication du groupe Transhumance. Ce dernier dispose d’un statut qui définit clairement son rôle au sein de Prélude SA. Nouvelle venue, Natacha remarque la discrétion de ce groupe dont elle a entendu parler presque par hasard. « Puis, on n’a pas toujours le temps de voir toute son équipe ou d’informer les nouveaux », complète Carole. On acquiesce sur le fait que les affiches devraient être plus visibles et les dates des séances mieux communiquées afin que chacun puisse prendre contact avec le représentant de son secteur et lui soumettre des points d’amélioration.

Actuellement, le groupe Transhumance se réunit tous les deux mois. C’est une volonté de la direction et du groupe Transhumance. Enthousiaste, Natacha questionne. « Le groupe peut-il se réunir de manière extraordinaire si le besoin s’en fait sentir ? » Pour avoir une réponse, il suffit de poser son regard sur le grand mur de la salle de séance. En gros, sous le logo, figure le leitmotiv de Prélude SA : « S’adapter, c’est notre métier ».

Prélude SA est une jeune entreprise avec de nombreux projets

Alain Jaggi est responsable de production au sein de Prélude SA. Authentique touche-à-tout, ses compétences et ses expériences professionnelles sont des atouts essentiels à une gestion réussie de la diversité des mandats qui parviennent dans nos ateliers de Valbirse.

Menuisier, charpentier, installateur dans une entreprise de construction métallique, grand voyageur lorsqu’il était employé par Swiss-Ski, Alain Jaggi a aussi travaillé dans la gérance immobilière. « Des problèmes de dos m’empêchaient de continuer à exercer sur les chantiers », explique-t-il.

À ce stade du portrait d’Alain Jaggi, on reconnaît un vrai touche-à-tout. Son envie de communiquer ses compétences variées, cumulées au cours d’une carrière professionnelle déjà riche d’expériences multiples, l’a amené à découvrir le métier de maître socioprofessionnel. « Au départ, mon idée était de transmettre tout ce savoir acquis, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre. » Une annonce d’emploi au sein d’une institution sociale active dans le monde du handicap, un stage de deux jours et le voilà engagé : il prend dès lors un véritable virage professionnel. En 2012, Alain Jaggi se confronte donc à la fois à un nouveau métier et à un nouveau secteur d’activité. « Transmettre était ma priorité. Ensuite, j’ai découvert un monde du handicap sincère, transparent et sans filtre, cela me plaisait énormément et correspondait à mon tempérament. »

Toutefois, et de son propre aveu, il n’était pas évident de reprendre une formation à 43-45 ans. « J’ai dû me plonger dans des dossiers, écrire des pavés le soir et le week-end. Mais ça me convenait. Je n’aime pas être dans un lieu et ne pas en comprendre les rouages. J’ai beaucoup étudié. »

Il y a plusieurs façons d’aborder ou d’écouter une personne

Cette formation l’a conduit à se poser beaucoup de questions sur l’aspect social de ce métier dont les compétences professionnelles ne sont qu’une petite composante. « Il y a toute la partie qui concerne l’encadrement des collaborateurs et des collaboratrices. Quand tu as une personne en face de toi, il y a plusieurs façons de l’aborder ou de l’écouter, confie-t-il, tu dois prendre de la hauteur par rapport aux différentes situations. »

Engagé il y a trois ans chez Prélude SA comme maître socioprofessionnel (MSP), voici une bonne année et demie qu’il est désormais le responsable de production du site de Valbirse. Un rôle qui lui sied à merveille. Il a une vue d’ensemble sur la diversité des mandats qui sont confiés à l’entreprise. « J’ai une image mentale des différentes missions. Grâce à cela, j’organise, en collaboration avec les cadres d’ateliers, les flux de travail. Cela concerne les mandats des trois secteurs, les travaux externes, les ateliers mécanique et multiservices. » Son rôle s’étend également à la relation client : répondre aux différentes questions relatives aux prix, délais, ainsi que celles qui sont techniques ou organisationnelles. « Ma mission inclut la prospection. Même lorsqu’on a assez de travail, je reste aux aguets par des contacts lors de soirées de réseautage, par exemple. »

Trois casquettes

En sus de ses fonctions de responsable de production et commercial, ajoutons une troisième casquette à son rôle chez Prélude SA. Notre touche-à-tout est aussi membre du comité de pilotage de l’entreprise. « Dans ce comité, on pose sur la table l’ensemble des interrogations liées aux différents processus. On y propose également les nouveaux projets. »

N’allez pas croire que ces différentes tâches l’éloignent pour autant du terrain et des collaboratrices et collaborateurs de Prélude SA. « Déjà, je travaille de concert avec les MSP, sans hiérarchie aucune, afin de prendre les bonnes décisions. Mais j’aime, de la même manière, parcourir les ateliers, en sentir les ambiances ; Observer ce qu’il s’y passe. » Les compétences acquises dans son précédent emploi sont utiles : « Même si je n’interviens plus directement, le cadre social est un aspect de mon métier. D’un côté, je gère les clients qui souhaitent, avec raison, un résultat de qualité et des délais raisonnables et, d’un autre, je m’inquiète du bien-être et des capacités des personnes qui œuvrent dans nos ateliers. »

Organisé et doté d’un tempérament de meneur, le quinquagénaire aime toujours autant comprendre et apprendre. C’est également un homme de contact : « Lors de rencontres, je suis à l’affût de partenariats avec tout type d’organisation afin d’apporter de nouvelles perspectives à l’entreprise. Là encore, j’apprécie le dialogue. C’est instinctif. » Puis, il faut l’admettre, Alain Jaggi ne manque pas d’idées. « Il y a toujours de petites améliorations à apporter pour être plus efficient. Prélude SA est encore une jeune entreprise, beaucoup de projets restent à développer ! », ajoute-t-il, avec passion, en guise de conclusion.

Dessins de remerciements

Les collaboratrices et les collaborateurs de Prélude SA ont eu l’heureuse surprise d’être inondé par les dessins des écoles de Valbirse. Les élèves les remercient de leur investissement en tant que patrouilleuses et patrouilleurs scolaires. Cela fait chaud au cœur. Ces œuvres seront affichées très prochainement dans nos locaux.

Des défis pour nourrir l’esprit

Lorsque vous vous présentez à la réception de Prélude SA, vous êtes accueilli notamment par la franche bonhomie de Cyril Julliart. Arrivé en Suisse en 2004, ce travailleur acharné n’a jamais cessé de s’affranchir des barrières du monde de l’entreprise, et ce, malgré une hémiplégie du côté droit qui dresse quelques obstacles dans son quotidien.

Originaire de Reims, en France, Cyril Julliart arrive en Suisse en 2004 après y avoir rencontré son épouse. « Au départ, j’ai idéalisé la Suisse. Je n’en connaissais que les montagnes. » À son arrivée, on lui assure qu’il trouvera facilement un emploi. « Mais durant ma scolarité, j’ai appris l’anglais et l’espagnol, pas vraiment des langues qui facilitent la recherche d’un travail en Suisse. »

En France, grâce à la loi sur le handicap, il avait décroché un emploi dans les renseignements téléphoniques. « C’était une fonction un peu mono-tâche, avec au moins 50 appels par heure », précise-t-il. En 1993, grâce à une mission locale qui soutenait les jeunes pour trouver une orientation professionnelle, il a pu préparer une reconversion dans le secteur de la logistique.

Un miraculé qui n’a jamais cessé de travailler

En Suisse, il était suivi par Pro Infirmis et s’est inscrit à l’assurance invalidité. « J’ai un handicap de naissance, une hémiplégie. On soupçonne un AVC très jeune. » À cause de ce handicap, il n’a aucune sensibilité de la main et de la jambe droite, ce qui nécessite quelques adaptations de sa place de travail : « Par exemple, la souris de mon ordinateur est placée à gauche de mon clavier », explique-t-il. L’homme se considère comme un miraculé : « En tout cas, je remercie mes parents. À l’école maternelle, la psychologue scolaire leur conseillait de m’inscrire dans une école spécialisée. Ils se sont battus afin que je reste dans le circuit classique. »

Pour ce solide gaillard, hors de question de rester inactif. C’est un travailleur consciencieux et motivé. Entre 2004 et 2009, il travaille dans un centrer d’appel. Son objectif : placer des rendez-vous pour des assurances. Par la suite, l’association Pro Infirmis l’informe sur des possibilités d’intégrer les Ateliers protégés de Reconvilier (APR). Il y collabore entre 2009 et 2016. « Ensuite, j’ai eu besoin d’un nouveau défi. Et surtout, je voulais apprendre l’allemand. »

C’est ainsi qu’il postule à la Fondation Battenberg où il est engagé. « J’ai de la chance, j’ai de la facilité avec les langues. Aujourd’hui, je suis capable de me faire comprendre en allemand. » Grâce à l’école des talents de la fondation, Cyril se dédie à la réception et à l’accueil des personnes. Il effectuera notamment un stage à la réception d’une maison de retraite de Delémont. « C’est une mission qui m’a beaucoup apporté. J’étais en contact avec des personnes âgées et je m’occupais également des visiteurs de l’institution. » Pour lui, le salaire n’était pas si important : « Je voulais avant tout être sur le marché du travail. » On y retrouve une nouvelle fois son goût et sa motivation pour l’activité.

La période du covid a été difficile. Il fait un burn-out et se retrouve sans activité durant une année, ce qui est difficile pour un tempérament qui a l’habitude de relever des défis.

Rebondir chez Prélude SA

Cyril débarque chez Prélude SA en février 2022. « Quand je suis arrivé ici, j’ai directement intégré le secteur multiservice, mais j’étais très motivé à travailler également dans l’administration. » Il a attendu qu’une place se libère.

Aujourd’hui, Cyril Julliart travaille à 60%. Il partage son taux d’occupation entre le secteur multiservice et l’administration. Chez Prélude SA, il apprécie la diversité des tâches liées à l’administration : « La réception téléphonique, les courriers à rédiger, traiter les factures fournisseurs et clients, les échanges avec les collègues, etc. ». En outre, il aime se lancer des défis : « Actuellement, je veux réaliser une pochette pour les pièces d’horlogerie. Le produit final doit être nickel. Je veux combattre cette hémiplégie du côté droit en essayant de la faire travailler, cette ‘ feignante ’ », plaisante-t-il.

Toujours prêt à se former

« Il y a quelques années, lorsque je travaillais aux APR, je ne me sentais pas vraiment à ma place car j’ai un handicap physique et non pas psychique. Ici à Prélude SA, je me suis ouvert à tous types de collaborateurs ou de collaboratrices. » À 51 ans, l’homme est résilient au point d’envisager la totalité de sa carrière au sein de l’entreprise. « Même si j’ai des compétences et de l’expérience, les employeurs s’intéressent plutôt aux diplômes et je suis déjà quinquagénaire. C’est difficile de trouver ailleurs. » Pour Prélude SA, Cyril est un atout et un collaborateur bien dans ses baskets.

S’il a déjà fait des stages à l’extérieur, il estime qu’il n’a pas encore fait le tour de la question chez Prélude SA. « J’aimerais découvrir le parcours complet d’une production : depuis les négociations avec le client jusqu’à la concrétisation et la livraison. »

On l’a vu, l’homme apprécie les défis. Il aime les relever et surtout, il souhaite continuer à se former : « J’aime le travail, j’aime apprendre, c’est idéal pour faire fonctionner le cerveau et faire reculer certaines maladies, telles que Alzheimer », conclut-il.

Regards croisés sur la réinsertion professionnelle

Prélude SA s’engage dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap ou en difficulté sociale. Elle offre, dans ses locaux de Valbirse et sa boutique de Saint-Imier, des opportunités de travail adaptées à ces difficultés. Parfois, l’intégration passe également par des collaborations réussies avec des entreprises partenaires. C’est le cas de Christine Montavon qui a su faire sa place chez VOH.ch, à Courtelary.

Coiffeuse de formation, Christine a exercé plusieurs professions, dont vendeuse en boulangerie. Elle a également effectué du conditionnement ou du contrôle qualité dans différentes entreprises régionales. C’est à l’issue de cette dernière expérience professionnelle que la vie de Christine opère un virage. « Je ne comprenais pas la gestion interne de cette entreprise. Je remarquais des erreurs, des pièces non conformes et rien n’était effectué pour corriger cela », explique cette maman de trois enfants. Là, c’est l’enchaînement : la perte d’emploi, la difficulté à conserver un travail, l’arrivée en fin de droits et, au bout du chemin, le social.

Prélude SA, une découverte

« Le service social m’a orientée vers Prélude SA. J’ai été agréablement surprise, les gens étaient très gentils et m’ont aidée à me sentir à l’aise. » Dans les ateliers de Valbirse, Christine a repris confiance et découvert la mécanique. Cette activité ne fut qu’une étape dans son parcours de réinsertion professionnelle.

« Lorsque nous plaçons une collaboratrice ou un collaborateur chez un partenaire externe, c’est que nous estimons qu’il ou elle a du potentiel, explique Pierre-Michel Raetzo, directeur de Prélude SA. L’une de nos missions est de relancer ces personnes et, si possible, de permettre leur retour sur le marché du travail. » Le succès de cet objectif passe par une étroite collaboration avec des entreprises régionales. Ainsi, VOH.ch, une entreprise active dans les solutions horlogères et basée à Courtelary, est venue avec une proposition de travail. Du montage de cols-de-cygne notamment. Face au volume de commandes, le travail ne manquait pas. « Christine a effectué, avec succès et à la satisfaction de tous, plusieurs stages chez notre partenaire, c’était réjouissant. » Un avis partagé par Nathalie Mercier-Vaucher, directrice adjointe et responsable des ressources humaines de l’usine de Courtelary : « Au départ, ce n’est pas forcément Christine qui devait revenir à chaque pic de production. Sa polyvalence et son efficacité ont été précieuses, ce qui a facilité son intégration au sein de nos équipes. »

En effet, au fil du temps, la nouvelle collaboratrice s’est vu confier d’autres tâches qui n’étaient pas sous-traitées à Prélude SA. « Elle a su se rendre indispensable par son implication et s’est orientée vers des missions telles que la logistique ou la préparation des ordres de fabrication. »

Un contrat de travail en bonne et due forme

De mission en mission, Christine est revenue très régulièrement à Courtelary au cours de l’année 2022. La question s’est ainsi posée de lui proposer un emploi sous contrat avec VOH.ch. Pour Pierre-Michel Raetzo, « l’embauche d’une collaboratrice passée par Prélude SA, c’est la satisfaction ultime et cela démontre que l’inclusion fonctionne bien ».

Ainsi, Christine Montavon commencera l’année 2023 avec un nouveau contrat de travail. « Je vais pouvoir vivre un peu plus sereinement, ce bon de papier est très important pour moi et représente une vraie fierté : je me sens vraiment réinsérée dans la vie professionnelle. » Pour la nouvelle collaboratrice polyvalente de VOH, Prélude SA a été une étape importante, car « elle m’a permis d’avoir un rythme de vie, et de rencontrer des gens ».

Le dialogue entre Prélude SA et ses partenaires est important. « Le projet de réinsertion par le travail est une démarche qui devient courante. C’est même une stratégie à développer, détaille le directeur de l’entreprise sociale, l’exemple de Christine est un véritable cas d’école. Il doit essaimer. » Toutefois, la réinsertion externe n’est pas toujours possible en raison de la difficulté de certains travaux ou des capacités des candidats ou candidates. « Mais l’image de Prélude SA s’est améliorée et le profil des collaborateurs et collaboratrices que nous accueillons a également changé. La combinaison de ces deux facteurs facilite grandement le placement au sein d’entreprises externes et c’est heureux », conclut Pierre-Michel Raetzo.

Bienvenue à David Charpié

David Charpié est un ancien menuisier. À la suite d’un accident du travail, il s’est lancé dans une reconversion pour devenir Maître socio professionnel.

Après un stage de trois mois au sein de nos équipes de Valbirse, il a intégré, cette semaine, notre secteur Art & Artisanat de Saint-Imier. Il apprécie énormément la variété du travail ainsi que les échanges et les contacts humains.

Nous lui souhaitons la bienvenue.

Le bonheur est dans la boutique

Ouvert au public en juin 2021, l’atelier Art & Artisanat de Prélude SA accueille douze collaboratrices et collaborateurs qui exercent une activité artistique et commerciale au sein d’une boutique située sur l’artère principale de Saint-Imier. Valorisant les talents de toutes et tous, l’encadrement accompagne et conseille chacun·e d’entre eux et elles.

Au rythme discret de Balavoine, Sardou ou Goldman, les petites mains créatives du secteur Art & Artisanat de Prélude SA s’activent. « Aujourd’hui, nous préparons un marché artisanal. Chaque collaborateur et chaque collaboratrice travaille sur un projet différent », explique Natacha Studer, responsable du secteur. Si on tend l’oreille, on entend parler de libellules, de porte-clés sirène, ou encore de fleurs. « Nous avons également deux personnes qui fabriquent des objets qu’on nous a commandés. » En compagnie d’Anaïs Raetzo, co-responsable, Natacha déploie des trésors d’imagination, « de manière à toujours avoir des produits à présenter dans la boutique, mais également afin de proposer du travail à tous ».

Les collaboratrices et les collaborateurs présents sont activement sollicités. Natacha leur demande leur avis au sujet des fanions qu’elle vient d’accrocher sur le rebord d’une fenêtre : « La guirlande est-elle complète ? Est-ce bien ainsi ? Met-on davantage de feuilles, des plus grandes, des plus petites ? »  Les talents valorisés sont artistiques mais également techniques. La responsable s’enquiert d’une guirlande défectueuse. L’un des collaborateurs a la réponse : « Il faut simplement réparer le conducteur qui alimente le système, je vais apporter le nécessaire lundi. »

Un espace créatif

La boutique est ouverte au public depuis le mois de juin 2021. Tout d’abord sous la responsabilité de Natacha Studer qui dispose d’une formation sociale et que son parcours professionnel a amenée à occuper différents postes : responsable d’accompagnement, directrice adjointe. Quelques mois plus tard, elle a été rejointe par Anaïs Raetzo qui possède la formation d’éducatrice ES. « Anaïs a très vite intégré ce nouveau secteur. On est totalement dans la philosophie de Prélude de former des binômes. Nos expériences passées sont valorisées et nos échanges valorisants, il y a de l’émulation, ce qui rejaillit sur l’ensemble de l’atelier. »

Lorsqu’une nouvelle personne est intégrée dans un atelier de Prélude SA, elle bénéficie également d’un plan de formation qui sert en quelque sorte de fil rouge pour les différents travaux effectués. « Pour certains, notamment pour un collaborateur avec un trouble du spectre de l’autisme, c’est rassurant. Il est autonome dans ses tâches tout en participant à un projet collectif, explique Anaïs. On décompose les tâches. Ainsi, chaque collaborateur effectue un travail en fonction de ses compétences. » Pour Natacha, cette collaboration va même plus loin : « Ici, nous sommes dans un espace créatif. Tout le monde peut proposer un produit. On en discute ensemble, on effectue des tests et on le met en vente. Ensuite, on regarde s’il a du succès. »

Un très bon bilan

La Journée portes ouvertes du 10 septembre a été l’occasion d’ouvrir le magasin. Le succès de cette dernière est une validation du travail accompli plus d’une année après les débuts de la boutique. Les deux femmes mènent l’affaire de fort belle manière et en tirent beaucoup de satisfaction. « J’aime la diversité de ce métier, explique Anaïs. Je suis éducatrice de formation, j’ai toujours travaillé sur le terrain. Grâce à mon travail, je peux mener des projets de A à Z, depuis le premier entretien avec le collaborateur jusqu’à son intégration au quotidien. » Un avis partagé par Natacha, au bénéfice d’une longue expérience dans le secteur : « De voir travailler nos collaboratrices et nos collaborateurs, d’imaginer que leurs productions vont trouver une belle place dans notre boutique, c’est un véritable bonheur. Je suis également heureuse de partager tout cela avec une jeune collègue, c’est enrichissant.»

Depuis son ouverture, la boutique a su séduire et fidéliser de nombreux clients. La variété de la production est impressionnante et est à découvrir notamment sur le site Internet de la boutique. Mais, très honnêtement, c’est encore mieux de vous rendre à Saint-Imier pour découvrir les créations, sur place, autour d’un café et de quelques gourmandises. En outre, suivez l’actualité de l’équipe imérienne. Elle se déplace également très régulièrement sur des marchés artisanaux afin de dévoiler sa production au plus grand nombre.

Chez Prélude SA pour se reconstruire

Nouvelle collaboratrice Prélude SA depuis le 3 janvier 2022, Véronique Scardarella a intégré le département Multiservices de l’entreprise. Âgée de 47 ans, cette maman de deux filles de 18 et 14 ans habitant à Corgémont revient sur un parcours de vie difficile qui contraste avec le visage lumineux affiché durant cet échange

« Je viens de terminer mes trois mois d’essai et je suis très contente d’être là ! » explique d’emblée Véronique. Lors de sa première visite chez Prélude, il lui a été proposé de choisir entre l’atelier Mécanique ou le département Multiservices. Son choix s’est rapidement porté sur la seconde proposition. Polyvalente, Véronique a appris le sertissage, l’étamage et le contrôle des torches étamées ou serties. « Je touche à tout, le travail est varié », ajoute-t-elle. En l’écoutant présenter son intégration chez Prélude SA avec un grand sourire, il est difficile d’imaginer son parcours de vie compliqué, accentué par des problèmes de santé récurrents.

Du mobbing à la maladie

« Je suis vendeuse diplômée. Auparavant, je travaillais au sein d’une chaîne de vêtements, au rayon enfant. À l’époque, ma cadette avait 4 ans. Elle est tombée malade : une double pneumonie. » Une maladie grave et potentiellement mortelle. La jeune maman s’absente alors régulièrement pour soigner sa fille. « Un jour, pour m’occuper de ma fille, j’ai quitté mon travail avec une heure d’avance. » Des absences qui ne sont pas comprises par son employeur de l’époque. Ainsi, Véronique subit d’énormes pressions qui la conduiront à un burn-out. C’est le début d’une longue descente aux enfers morale et physique.

Ne pouvant plus travailler, elle entreprend les démarches auprès de l’assurance invalidité (AI). Sa première demande est refusée. Cet échec a pour conséquence de la replonger dans une forte dépression qui s’accompagnera de problèmes de santé. « On m’avait diagnostiqué par erreur une J’ai eu une forte réaction aux médicaments qui ont entraîné une alvéolite pulmonaire. » À plusieurs reprises, Véronique tente de retravailler : « À chaque fois que je commençais un nouveau boulot, je tombais malade, il m’était donc impossible de le conserver. » Selon ses propres mots, la famille est prise dans un « engrenage vicelard » où se mélangent problèmes financiers, une opération du dos pour elle et un AVC pour son mari, à seulement 44 ans. « Il n’a pas de séquelles graves, mais il ressent beaucoup de fatigue, ce qui l’empêche de pratiquer son métier de cuisinier. »

Comme une famille

À ce moment du récit, on éprouve une forte empathie pour Véronique et sa famille. Toutefois, le déroulé de son histoire n’escamote pas le sourire accroché à son visage. « Je suis passée par de nombreuses épreuves. Mais mes filles m’ont toujours donné la force de me battre et, surtout, j’ai toujours voulu retravailler, aller de l’avant. » C’est l’AI qui lui propose d’intégrer Prélude SA. Au départ, elle imaginait une institution qui accueillait des personnes avec un handicap visible. Des préjugés vite balayés par d’autres sentiments : « En arrivant ici, je n’ai pas pris la différence comme un frein, mais, bien au contraire, comme l’opportunité de découvrir de nouvelles personnes, explique-t-elle, c’est un environnement sans préjugés, sans étiquettes. Chacun travaille à la vitesse qui lui convient, entouré de bienveillance. »

Au sein de Prélude, Véronique a trouvé une seconde famille et a noué des amitiés fortes. « Pendant dix jours, je n’ai pas pu venir travailler. D’un côté, cela me manquait de ne pas venir à Malleray. D’un autre côté, j’ai eu très peur de mon retour. » Mais Prélude n’est pas une entreprise comme les autres : elle a une vocation sociale. Ainsi, les collègues de Véronique étaient heureux·ses de retrouver leur « rayon de soleil ». Au sein des ateliers, c’est un esprit de famille où la confiance et l’entraide règnent : « Je vais bientôt partir en vacances. C’est une de mes collègues qui gardera mon lapin. » Le visage de la Curgismondaine rayonne.

Jusqu’à la retraite

Aujourd’hui, Véronique travaille à 40%. Quand on lui parle du futur, elle évoque son avenir chez Prélude jusqu’à la retraite. « Si c’est possible, j’imagine bien augmenter mon taux de travail à 60%. » Bien évidemment, elle se laisse une marge de manœuvre afin de pouvoir accompagner ses filles, autant qu’elle le peut, vers la voie de l’indépendance. « Je veux avoir le soleil que nous n’avons pas eu jusqu’à présent. »

Souriante, Véronique est une excellente guide. Elle présente sa place de travail et nous révèle les dessous de son activité et des tâches qu’elle aime accomplir : « Récemment, on a eu à monter des cols-de-cygne pour les établis horlogers. On doit assembler les différentes pièces et ce qui est réjouissant, c’est de voir le résultat final. » Grâce aux différents travaux effectués au sein de l’atelier Multiservices, elle se découvre « mine de rien » des talents manuels : « C’est très valorisant de savoir faire quelque chose avec ses doigts qui ne soit pas… de la cuisine ou de la lessive. » Elle se souvient également de sa première journée chez Prélude SA : quelle fierté d’expliquer ce nouveau travail à ses proches en rentrant chez elle ! « Ma fille cadette est fière de moi, elle est contente de voir sa maman partir au boulot avec le sourire. »

Courageuse, Véronique s’est livrée sans tabou lors de cet entretien. Ce qu’elle retient de son parcours ? « On découvre la vie d’un autre œil, surtout lorsque celle-ci ne tient qu’à un fil. J’ai beaucoup de chance d’avoir mes filles pour me pousser à aller de l’avant. Quand on tombe très bas, on s’aperçoit que, malgré tout, on peut remonter la pente. » Une conclusion pleine d’optimisme.