Des défis pour nourrir l’esprit

Lorsque vous vous présentez à la réception de Prélude SA, vous êtes accueilli notamment par la franche bonhomie de Cyril Julliart. Arrivé en Suisse en 2004, ce travailleur acharné n’a jamais cessé de s’affranchir des barrières du monde de l’entreprise, et ce, malgré une hémiplégie du côté droit qui dresse quelques obstacles dans son quotidien.

Originaire de Reims, en France, Cyril Julliart arrive en Suisse en 2004 après y avoir rencontré son épouse. « Au départ, j’ai idéalisé la Suisse. Je n’en connaissais que les montagnes. » À son arrivée, on lui assure qu’il trouvera facilement un emploi. « Mais durant ma scolarité, j’ai appris l’anglais et l’espagnol, pas vraiment des langues qui facilitent la recherche d’un travail en Suisse. »

En France, grâce à la loi sur le handicap, il avait décroché un emploi dans les renseignements téléphoniques. « C’était une fonction un peu mono-tâche, avec au moins 50 appels par heure », précise-t-il. En 1993, grâce à une mission locale qui soutenait les jeunes pour trouver une orientation professionnelle, il a pu préparer une reconversion dans le secteur de la logistique.

Un miraculé qui n’a jamais cessé de travailler

En Suisse, il était suivi par Pro Infirmis et s’est inscrit à l’assurance invalidité. « J’ai un handicap de naissance, une hémiplégie. On soupçonne un AVC très jeune. » À cause de ce handicap, il n’a aucune sensibilité de la main et de la jambe droite, ce qui nécessite quelques adaptations de sa place de travail : « Par exemple, la souris de mon ordinateur est placée à gauche de mon clavier », explique-t-il. L’homme se considère comme un miraculé : « En tout cas, je remercie mes parents. À l’école maternelle, la psychologue scolaire leur conseillait de m’inscrire dans une école spécialisée. Ils se sont battus afin que je reste dans le circuit classique. »

Pour ce solide gaillard, hors de question de rester inactif. C’est un travailleur consciencieux et motivé. Entre 2004 et 2009, il travaille dans un centrer d’appel. Son objectif : placer des rendez-vous pour des assurances. Par la suite, l’association Pro Infirmis l’informe sur des possibilités d’intégrer les Ateliers protégés de Reconvilier (APR). Il y collabore entre 2009 et 2016. « Ensuite, j’ai eu besoin d’un nouveau défi. Et surtout, je voulais apprendre l’allemand. »

C’est ainsi qu’il postule à la Fondation Battenberg où il est engagé. « J’ai de la chance, j’ai de la facilité avec les langues. Aujourd’hui, je suis capable de me faire comprendre en allemand. » Grâce à l’école des talents de la fondation, Cyril se dédie à la réception et à l’accueil des personnes. Il effectuera notamment un stage à la réception d’une maison de retraite de Delémont. « C’est une mission qui m’a beaucoup apporté. J’étais en contact avec des personnes âgées et je m’occupais également des visiteurs de l’institution. » Pour lui, le salaire n’était pas si important : « Je voulais avant tout être sur le marché du travail. » On y retrouve une nouvelle fois son goût et sa motivation pour l’activité.

La période du covid a été difficile. Il fait un burn-out et se retrouve sans activité durant une année, ce qui est difficile pour un tempérament qui a l’habitude de relever des défis.

Rebondir chez Prélude SA

Cyril débarque chez Prélude SA en février 2022. « Quand je suis arrivé ici, j’ai directement intégré le secteur multiservice, mais j’étais très motivé à travailler également dans l’administration. » Il a attendu qu’une place se libère.

Aujourd’hui, Cyril Julliart travaille à 60%. Il partage son taux d’occupation entre le secteur multiservice et l’administration. Chez Prélude SA, il apprécie la diversité des tâches liées à l’administration : « La réception téléphonique, les courriers à rédiger, traiter les factures fournisseurs et clients, les échanges avec les collègues, etc. ». En outre, il aime se lancer des défis : « Actuellement, je veux réaliser une pochette pour les pièces d’horlogerie. Le produit final doit être nickel. Je veux combattre cette hémiplégie du côté droit en essayant de la faire travailler, cette ‘ feignante ’ », plaisante-t-il.

Toujours prêt à se former

« Il y a quelques années, lorsque je travaillais aux APR, je ne me sentais pas vraiment à ma place car j’ai un handicap physique et non pas psychique. Ici à Prélude SA, je me suis ouvert à tous types de collaborateurs ou de collaboratrices. » À 51 ans, l’homme est résilient au point d’envisager la totalité de sa carrière au sein de l’entreprise. « Même si j’ai des compétences et de l’expérience, les employeurs s’intéressent plutôt aux diplômes et je suis déjà quinquagénaire. C’est difficile de trouver ailleurs. » Pour Prélude SA, Cyril est un atout et un collaborateur bien dans ses baskets.

S’il a déjà fait des stages à l’extérieur, il estime qu’il n’a pas encore fait le tour de la question chez Prélude SA. « J’aimerais découvrir le parcours complet d’une production : depuis les négociations avec le client jusqu’à la concrétisation et la livraison. »

On l’a vu, l’homme apprécie les défis. Il aime les relever et surtout, il souhaite continuer à se former : « J’aime le travail, j’aime apprendre, c’est idéal pour faire fonctionner le cerveau et faire reculer certaines maladies, telles que Alzheimer », conclut-il.