Chez Prélude SA pour se reconstruire

Nouvelle collaboratrice Prélude SA depuis le 3 janvier 2022, Véronique Scardarella a intégré le département Multiservices de l’entreprise. Âgée de 47 ans, cette maman de deux filles de 18 et 14 ans habitant à Corgémont revient sur un parcours de vie difficile qui contraste avec le visage lumineux affiché durant cet échange

« Je viens de terminer mes trois mois d’essai et je suis très contente d’être là ! » explique d’emblée Véronique. Lors de sa première visite chez Prélude, il lui a été proposé de choisir entre l’atelier Mécanique ou le département Multiservices. Son choix s’est rapidement porté sur la seconde proposition. Polyvalente, Véronique a appris le sertissage, l’étamage et le contrôle des torches étamées ou serties. « Je touche à tout, le travail est varié », ajoute-t-elle. En l’écoutant présenter son intégration chez Prélude SA avec un grand sourire, il est difficile d’imaginer son parcours de vie compliqué, accentué par des problèmes de santé récurrents.

Du mobbing à la maladie

« Je suis vendeuse diplômée. Auparavant, je travaillais au sein d’une chaîne de vêtements, au rayon enfant. À l’époque, ma cadette avait 4 ans. Elle est tombée malade : une double pneumonie. » Une maladie grave et potentiellement mortelle. La jeune maman s’absente alors régulièrement pour soigner sa fille. « Un jour, pour m’occuper de ma fille, j’ai quitté mon travail avec une heure d’avance. » Des absences qui ne sont pas comprises par son employeur de l’époque. Ainsi, Véronique subit d’énormes pressions qui la conduiront à un burn-out. C’est le début d’une longue descente aux enfers morale et physique.

Ne pouvant plus travailler, elle entreprend les démarches auprès de l’assurance invalidité (AI). Sa première demande est refusée. Cet échec a pour conséquence de la replonger dans une forte dépression qui s’accompagnera de problèmes de santé. « On m’avait diagnostiqué par erreur une J’ai eu une forte réaction aux médicaments qui ont entraîné une alvéolite pulmonaire. » À plusieurs reprises, Véronique tente de retravailler : « À chaque fois que je commençais un nouveau boulot, je tombais malade, il m’était donc impossible de le conserver. » Selon ses propres mots, la famille est prise dans un « engrenage vicelard » où se mélangent problèmes financiers, une opération du dos pour elle et un AVC pour son mari, à seulement 44 ans. « Il n’a pas de séquelles graves, mais il ressent beaucoup de fatigue, ce qui l’empêche de pratiquer son métier de cuisinier. »

Comme une famille

À ce moment du récit, on éprouve une forte empathie pour Véronique et sa famille. Toutefois, le déroulé de son histoire n’escamote pas le sourire accroché à son visage. « Je suis passée par de nombreuses épreuves. Mais mes filles m’ont toujours donné la force de me battre et, surtout, j’ai toujours voulu retravailler, aller de l’avant. » C’est l’AI qui lui propose d’intégrer Prélude SA. Au départ, elle imaginait une institution qui accueillait des personnes avec un handicap visible. Des préjugés vite balayés par d’autres sentiments : « En arrivant ici, je n’ai pas pris la différence comme un frein, mais, bien au contraire, comme l’opportunité de découvrir de nouvelles personnes, explique-t-elle, c’est un environnement sans préjugés, sans étiquettes. Chacun travaille à la vitesse qui lui convient, entouré de bienveillance. »

Au sein de Prélude, Véronique a trouvé une seconde famille et a noué des amitiés fortes. « Pendant dix jours, je n’ai pas pu venir travailler. D’un côté, cela me manquait de ne pas venir à Malleray. D’un autre côté, j’ai eu très peur de mon retour. » Mais Prélude n’est pas une entreprise comme les autres : elle a une vocation sociale. Ainsi, les collègues de Véronique étaient heureux·ses de retrouver leur « rayon de soleil ». Au sein des ateliers, c’est un esprit de famille où la confiance et l’entraide règnent : « Je vais bientôt partir en vacances. C’est une de mes collègues qui gardera mon lapin. » Le visage de la Curgismondaine rayonne.

Jusqu’à la retraite

Aujourd’hui, Véronique travaille à 40%. Quand on lui parle du futur, elle évoque son avenir chez Prélude jusqu’à la retraite. « Si c’est possible, j’imagine bien augmenter mon taux de travail à 60%. » Bien évidemment, elle se laisse une marge de manœuvre afin de pouvoir accompagner ses filles, autant qu’elle le peut, vers la voie de l’indépendance. « Je veux avoir le soleil que nous n’avons pas eu jusqu’à présent. »

Souriante, Véronique est une excellente guide. Elle présente sa place de travail et nous révèle les dessous de son activité et des tâches qu’elle aime accomplir : « Récemment, on a eu à monter des cols-de-cygne pour les établis horlogers. On doit assembler les différentes pièces et ce qui est réjouissant, c’est de voir le résultat final. » Grâce aux différents travaux effectués au sein de l’atelier Multiservices, elle se découvre « mine de rien » des talents manuels : « C’est très valorisant de savoir faire quelque chose avec ses doigts qui ne soit pas… de la cuisine ou de la lessive. » Elle se souvient également de sa première journée chez Prélude SA : quelle fierté d’expliquer ce nouveau travail à ses proches en rentrant chez elle ! « Ma fille cadette est fière de moi, elle est contente de voir sa maman partir au boulot avec le sourire. »

Courageuse, Véronique s’est livrée sans tabou lors de cet entretien. Ce qu’elle retient de son parcours ? « On découvre la vie d’un autre œil, surtout lorsque celle-ci ne tient qu’à un fil. J’ai beaucoup de chance d’avoir mes filles pour me pousser à aller de l’avant. Quand on tombe très bas, on s’aperçoit que, malgré tout, on peut remonter la pente. » Une conclusion pleine d’optimisme.