La cerise sur le gâteau…

Depuis avril 2024, Marianne est employée à l’atelier-boutique de Prélude, à Saint-Imier. Elle y a rejoint sa fille qui y travaillait déjà. Auparavant, elle a été bénévole pour une dame âgée. Mais, il faut bien l’avouer, cette excellente pâtissière cache bien son jeu.

Bouchère de formation, Marianne n’a jamais vraiment exercé ce métier qu’elle avait choisi par défaut et qu’elle n’aimait pas. « Ma famille d’adoption ne souhaitait pas que je suive des études », explique-t-elle. En effet, sa mère l’ayant abandonnée à l’âge de 3 mois et son père étant décédé quand elle avait 6 ans, elle fut adoptée avec l’une de ses sœurs. Ce début de vie compliqué a exercé une influence sur la suite, puisque, pendant trente-six ans, elle a été famille d’accueil. « Je le suis devenue par amour des enfants. J’en ai accueilli 54. Ils avaient entre 3 mois et 16 ans », détaille-t-elle. Toutes et tous placés en raison de problèmes familiaux, ils ont donc pu compter sur l’affection de cette femme de cœur qui est également devenue mère de deux enfants.

Il y a 17 ans, son divorce la plonge dans une profonde dépression. La maladie l’empêche de travailler. « Je ne pouvais plus offrir la qualité de vie que méritaient ces enfants. » Cet état l’entraîne dans une spirale qui débouche sur l’assurance invalidité. À cette époque, elle réside du côté de Montreux. « Je ne faisais plus grand-chose, juste un peu de chant. Puis, comme j’ai toujours aimé en faire pour le goûter des enfants, je me suis lancée plus sérieusement dans la pâtisserie. Ce dernier point est crucial pour la suite de ce récit.

Une « super-nana » pour les USA

Il y a 7 ans, Marianne décide de déménager dans la région de Saint-Imier pour se rapprocher de sa fille Malika. Elle lui rend fréquemment visite à l’atelier-boutique de Prélude. Comme la personne âgée dont elle s’occupait bénévolement vient de décéder, elle est à la recherche d’une nouvelle occupation. Avec Natacha Studer, la responsable du lieu, elles conviennent d’un engagement à 50%. « J’aime faire tout ce qu’on me propose », explique-t-elle calmement. Elle y retrouve l’ambiance familiale qu’elle a cultivée tout au long de ses années de famille d’accueil. « D’ailleurs, je revois encore régulièrement des enfants qui ont vécu chez moi. »

Si le travail dans l’atelier-boutique est varié, elle apprécie tout particulièrement les travaux au crochet, une activité apprise de sa tante. Ses œuvres, des oiseaux notamment, sont parfaitement mises en valeur dans la boutique. Mais ses talents ne se limitent pas à cela. Elle confectionne d’autres objets. « J’ai réalisé une ‟ super-nana ”. Elle a été vendue pour être offerte à une petite fille… aux États-Unis. Aujourd’hui, Marianne estime qu’elle est totalement guérie, notamment grâce à un très bon médecin et à son rôle de dame de compagnie auprès de femmes âgées.

La télévision en 2026

Au moment de conclure cette interview, on se dit que cette femme a décidément eu une vie plutôt bien remplie, bercée de chaleur humaine. Pourtant… elle ne nous a pas tout révélé. Aussi, le présent portrait n’est pas passé loin de rater une information essentielle. C’est Natacha Studer qui nous met la puce à l’oreille en évoquant une « mystérieuse cerise sur le gâteau »…

À demi-mot et avec énormément de modestie, elle nous conte une aventure extraordinaire, une véritable histoire de Noël. Il y a quelques mois, sa fille l’incite à participer au casting de l’émission Le Meilleur Pâtissier, un programme culinaire français de la chaîne M6. D’abord réticente à cette idée, elle finit par se laisser convaincre. La pâtissière imérienne franchit haut la main les deux étapes des sélections, avec une formidable 2e place sur 869 candidats. « J’ai d’abord proposé un entremets aux fruits exotiques pour le gâteau libre et préparé un saint-honoré pour l’épreuve imposée. » Avec, pour cette dernière, une contrainte de temps d’exécution de trois heures !

Marianne vient ainsi de confirmer sa participation à l’émission. Une décision difficile à prendre en raison du stress que ce genre de défi engendre. Mais, là encore, sa fille et son beau-fils ont su se montrer convaincants. Fidèle lectrice de Bernard Werber, on peut souhaiter qu’elle trouve la force de surmonter cette anxiété dans les romans de l’écrivain français. En outre, elle sait qu’elle peut compter sur le soutien des deux responsables du secteur Art & Artisanat, Natacha et David, pour la coacher, et de tous ses collègues de l’atelier-boutique pour la soutenir. Début du tournage : printemps 2026.

De l’hôtellerie à l’encadrement social

Passionnée par l’hôtellerie et les voyages, Sylvie Kaufmann s’est rêvée équipière sur un bateau de croisière. Si ses pas l’ont portée vers de nombreux pays, actuellement c’est bien au sein de l’encadrement du secteur multiservice de Prélude qu’elle met à disposition ses compétences et son sens de l’écoute.

Sylvie tire son sens de l’accueil, du service et de l’écoute de son histoire familiale. « Je suis littéralement née dans un restaurant, explique-t-elle avec un large sourire, au bout d’une longue table accueillante.» Autant dire que le sens de l’hospitalité est fortement ancré dans ses gènes. À tel point qu’à l’âge de 15 ans, elle intègre l’École d’assistante d’hôtel, à Glion. Elle s’y forme en tant qu’assistante hôtelière. Elle est employée dans un hôtel 5 étoiles et cette période marque le début de sa carrière de future polyglotte. « Le directeur de mon hôtel avait fait une demande afin que je puisse suivre l’école en français, mais exercer la pratique en allemand.» Son parcours la mène ensuite en Floride pour y apprendre l’anglais, puis en Espagne pour… l’espagnol.
« Là-bas, dans l’hôtel où je travaillais, je m’occupais surtout des touristes suisses alémaniques », plaisante Sylvie. Elle a également voyagé en Australie pendant trois mois avec celui qui est devenu son époux.

« Mon plus grand rêve était de bouger en travaillant dans l’hôtellerie, si possible sur un bateau naviguant dans les Caraïbes. » Toutefois, grâce à ses compétences multilingues, elle devient réceptionniste chez un fabricant de machines-outils de la région. « C’était un poste fantastique. Tous les jours, je parlais trois langues différentes. J’ai effectué ce travail durant cinq ans. » À la naissance de ses enfants, elle choisit de se consacrer à sa vie familiale, s’éloignant ainsi du domaine de l’hôtellerie qu’elle affectionne particulièrement.

De la piscine à Prélude

Les enfants devenus grands, elle envisage de reprendre une activité professionnelle. Il y a 8 ans, alors qu’elle mangeait au restaurant de la piscine de Valbirse, elle rencontre le directeur de Prélude. Le courant passe. Sylvie visite Prélude et y relève de nombreux points communs avec ses expériences passées. « Ici, mes ‘clients’, ce sont des personnes en difficulté. Et comme dans le restaurant de mes parents, on prête l’oreille aux petits tracas des gens. J’ai l’écoute dans le sang ! » Elle apprécie cette pratique qui consiste « à prendre le temps nécessaire lorsqu’une collaboratrice ou un collaborateur ne se sent pas bien. Il y a beaucoup de bienveillance dans notre approche. » Elle a toutefois dû apprendre à mettre un peu de distance dans sa manière de travailler, en raison de son hypersensibilité. « Je ramenais la souffrance des gens à la maison. »

Sylvie apprécie l’image que Prélude renvoie à l’extérieur. « On dit de nous que nous sommes une belle entreprise. On est bien loin des clichés véhiculés sur ce que certains nomment avec mépris des ‘cas sociaux’. » Elle aime également son travail au secteur multiservice et cette manière de démontrer que le handicap n’est pas une fatalité. « On est capables d’assurer tout type de mandat, on a des comptes à rendre à nos clients, et nos collaborateurs se montrent efficaces. » De son propre aveu, elle explique toutefois qu’elle a dû apprendre la patience. « C’est la principale différence avec l’hôtellerie. Le rythme est différent. Néanmoins, je suis plus fatiguée après une journée chez Prélude que lors d’une journée de douze heures dans un hôtel.»

Bien qu’il lui reste encore quelques années avant de penser à la retraite, Sylvie se réjouit de reprendre la route. Le voyage occupe toujours une place importante dans son esprit. « Je crois que j’aurais vraiment pu vivre dans un autre pays. L’hôtellerie est un monde spécial où l’on bouge tout le temps. » Sa passion est si intense qu’elle a même suggéré à son mari l’idée de reprendre un restaurant à Sydney. En attendant, chez Prélude, on se réjouit de pouvoir compter encore sur ses compétences et sa sociabilité. « J’aime accueillir. Chez moi, c’est comme dans un restaurant, avec un frigo et un congélateur toujours pleins », glisse-t-elle en guise de conclusion.

Du Congo à Prélude SA

Au départ, le parcours de Luyeye ressemble à celui de nombreux jeunes en quête d’une vie meilleure. Encore mineur, il fait environ 8500 km pour atteindre les frontières de l’Europe. En Suisse, une famille d’accueil lui donne les bases pour commencer une nouvelle vie, mais la traversée de l’Afrique a laissé des marques sur son corps.

Aujourd’hui, Luyeye a 38 ans. Il est arrivé en Suisse alors qu’il était mineur, il y a plus de 21 ans. Ce fut un départ précipité pour le Congolais de naissance. « Les policiers ont battu et abusé de ma mère. Ma grand-mère m’a donné l’argent de la vente de la plantation de café, je suis parti en direction de la Centrafrique. » Son trajet est malheureusement très banal, similaire à celui de nombreux jeunes qui débarquent sur une route migratoire comportant de nombreux dangers et parsemée d’embûches. En chemin, il y a les passages à tabac et les mauvaises rencontres dans les squats qu’il fréquente. Il traverse de nombreux pays et arrive en Italie à 16 ans. « Quand je suis enfin arrivé en Suisse, je me suis dit : ‘Je suis grand !’ » rigole-t-il. Il suit le chemin habituel du migrant en passant par les centres pour réfugiés. Tout d’abord celui de Vallorbe, puis les nombreux autres. Ensuite, il est hébergé par une famille d’accueil à Évilard.

Dans les montagnes, le jeune garçon apprécie les promenades avec les chiens de la famille. « Des golden retrievers, précise-t-il. Dans la forêt, je marche à mon rythme, je suis au calme. »

L’intégration chez Prélude

Luyeye a travaillé dans le bâtiment, notamment dans la pose de carrelage. Mais cette marche à travers l’Afrique lui a laissé des séquelles physiques. Une hernie discale, d’abord, suivie de problèmes d’arthrose au niveau des jambes. L’homme a également un déficit de la vue à la suite d’un coup involontaire donné par un camarade… en Suisse. Quatre opérations sont nécessaires pour retrouver une certaine acuité visuelle. « J’ai fait 8500 kilomètres à pied, j’ai affronté de nombreuses épreuves et maintenant, ma santé m’empêche de travailler comme j’aimerais. »

Au bénéfice de l’AI, il a cherché un emploi dans des institutions adaptées, se heurtant bien souvent à des refus en raison de sa santé. En 2020, il découvre Prélude SA et adopte immédiatement cette place de travail. « Quand je sors de chez moi et que j’arrive ici, je suis parfaitement à l’aise. Je m’occupe notamment au secteur logistique. » Luyeye est un maniaque du ménage. Lorsqu’il commence un mandat pour l’entreprise, il met tout en œuvre pour que cela soit aussi propre que chez lui.

Une boussole

Dans son parcours, il a eu quelques problèmes avec l’alcool. Toutefois, il s’est ressaisi afin de devenir exemplaire. « J’ai donné mon cœur à ma famille d’accueil », exprime-t-il. D’ailleurs, au cours de l’entretien, Luyeye n’a cessé de rendre hommage à cette famille, qu’il ne veut pas décevoir, car « elle m’a donné des valeurs ». Il a aussi beaucoup honoré le souvenir de sa mère biologique. « Elle a été comme une boussole, c’est à elle que je dois de savoir écouter. Je ne l’ai jamais revue. Je regrette de ne pas pouvoir lui montrer comme je suis fort grâce à elle. »

L’intégration de Luyeye chez Prélude lui a permis de trouver une certaine stabilité qui passe notamment par sa fierté d’avoir un travail. « J’ai décroché cette place chez Prélude, je vais tout faire pour m’en montrer digne et y rester », conclut-il.

« Ici, on est nous-mêmes, sans faux-semblant »

L’alcool a exercé une influence néfaste sur Constantin. Néanmoins, il a tout mis en œuvre pour tourner la page d’une période sombre de sa vie. Son travail au sein du secteur Logistique de Prélude SA est une étape sur la voie d’une certaine normalité.

Le jeune quadragénaire est précis quant à sa présentation : il travaille chez Prélude SA depuis le 22 septembre 2022. Une date qu’il considère comme un nouveau départ après des tourments liés à son addiction à l’alcool. Après dix années compliquées, Constantin loge maintenant dans un lieu de vie et de réhabilitation de la vallée de Tavannes, Le Tamaris. Maçon grutier de formation, il est tombé dans l’alcool « pour oublier des graves événements qui me sont arrivés plus jeune », explique-t-il avec pudeur mais sans tabou. Cultivé, ce fils de diplomate rwandais venu en mission à Berne au début des années 1990 s’exprime avec aisance. Le destin de la famille bascule en 1994. « En raison du génocide rwandais, nous sommes restés bloqués en Suisse. Nous avons donc demandé l’asile politique. »

L’alcool a débarqué sur son lieu de travail. Il boit de plus en plus régulièrement. « C’était devenu une fuite de la réalité, je ne voyais pas que je me mettais en danger. C’est mon père qui a tiré la sonnette d’alarme, il m’a sauvé la vie. » Après un passage aux Vacheries, une unité thérapeutique dédiée aux dépendances, il arrive donc au foyer Le Tamaris. « Ici, on s’est occupé de me stabiliser mentalement et surtout de me débarrasser de mes problèmes d’alcool. »

Se réinsérer

Après plusieurs années sans travailler, l’étape suivante était de lui trouver une occupation. « Cela faisait dix ans que je suivais un schéma hors norme. Pour un alcoolique, il est important d’occuper son esprit afin de ne pas cogiter. » Il intègre donc le secteur Logistique de Prélude SA. Il y apprécie particulièrement les efforts physiques qui lui sont demandés. « J’aime porter des choses. Avec mon métier de maçon, j’ai été formé à cela. À la fin de la journée, on ressent une bonne fatigue. Puis travailler à l’extérieur me plaît. »

L’ambiance chez Prélude ? Il l’apprécie. « Ici, on parle facilement de notre vie, on est nous-mêmes sans faux-semblant. J’évoque facilement mes problèmes d’alcool, c’est une manière de sensibiliser à ses méfaits. De montrer aussi qu’on peut s’en sortir. »

Sur la route de l’indépendance

Encore en phase de reconstruction, l’homme a de l’ambition. Pour lui, Prélude n’est qu’un passage sur la voie de sa rédemption professionnelle. À court terme, il souhaite refaire des stages dans son métier. Grâce à son travail chez Prélude SA, de nouvelles perspectives s’ouvrent. Dans quelques semaines, il quittera son logement pour s’établir dans son propre appartement, mais toujours sous la responsabilité du foyer Le Tamaris. Un avenir sujet à quelques questionnements. « Je me demande comment réagir, je suis à la fois curieux et anxieux. » Cependant, pour ne pas retomber dans ses travers, Constantin a mis en place différentes stratégies. Dorénavant, il prend soin de son corps et se cuisine des repas équilibrés. « La fuite, c’est fini ! Maintenant j’affronte mes peurs et c’est agréable de se sentir à nouveau physiquement au top. Je commence à m’aimer depuis que je ne bois plus. » Les signaux passent doucement au vert afin de permettre à Constantin d’entamer une vie plus standard, selon ses propres termes.

Match de foot

L’équipe de foot Prélude est impatiente de se mesurer à l’équipe de la Résidence Les Sources le vendredi 23 août 2024 à 14h00, sur le terrain de foot de Bévilard.

Si vous souhaitez assister à ce match palpitant, nous serons ravis de vous accueillir au bord du terrain.

Pour l’occasion, une partie de l’équipe s’est réunie en début de semaine afin de parler stratégie et de poser pour une photo avec nos équipements de compétition.

N’hésitez pas à venir soutenir notre Team Prélude face à ces adversaires redoutables. Cela ne nous empêchera pas de les battre, voyons!

Passion manga

Olivier a intégré Prélude SA le 2 février 2023. La précision est une valeur importante pour cet amateur du 9e art qui s’est lancé dans la création d’un manga d’une centaine de pages.

Auparavant, Olivier travaillait dans une fondation pour personnes vivant avec un handicap – il est atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, invalide AVS à 100% – dans le canton de Neuchâtel. Aspirant à se rapprocher de sa famille qui habite dans le vallon de Saint-Imier, il déménage à Sonvilier. Un choix qui ne fut pas sans conséquence. En changeant de canton, il a perdu sa place de travail. « À la suite de mon changement d’adresse, j’ai travaillé comme aide-concierge avec mon grand frère. Mais pour diverses raisons, je n’ai pas pu garder cet emploi. » Puis son curateur lui présente Prélude SA et ses activités de réinsertion professionnelle.

Lorsque l’on pose des questions à Olivier, il est très précis dans ses réponses. Depuis quand travaille-t-il chez Prélude ? « Depuis le 2 février 2023, j’attaque ma deuxième année. » Quel âge a-t-il ? « 28 ans, le 23 novembre 2024. » Une caractéristique qui déteint dans la passion du jeune homme pour la bande dessinée et à laquelle il consacre toutes ses soirées. Pas simplement en lecture, mais bien le crayon à la main : il s’est formé à l’Académie de Meuron dans le canton de Neuchâtel. « La formation dure trois ans, mais j’ai effectué une pause de deux ans à l’issue de ma première année », détaille-t-il.

Un manga de 100 pages

Olivier dit avoir la chance de pouvoir noircir de son trait précis des tas de feuilles de papier, parallèlement à son travail chez Prélude. Et il ne lésine pas, il dessine tout le temps. « J’ai commencé assez tardivement, à l’âge de 13 ans. Je gribouillais des objets et des modèles anciens de voitures, j’aime ces perspectives courbées. » Aujourd’hui, il s’est lancé dans l’ambitieux projet de réaliser un manga d’une centaine de pages. Une particularité, il dessine sans poser préalablement son scénario. « Tout est dans ma tête, j’écris le récit en cours de route », rigole-t-il. Pour preuve, en présentant ses pages qui ne contiennent pas encore de dialogue, le jeune homme récite de mémoire les textes qu’il ajoutera ensuite dans ses phylactères.

Au total, Olivier estime que son projet lui prendra bien deux ans. Son histoire décrit un univers fantastique où des monstres souhaitent être considérés comme des gens normaux. Faut-il voir là une sorte d’allégorie de l’autisme ? « Je n’y avais pas pensé… ou peut-être de manière inconsciente ? » s’interroge-t-il. L’un de ses personnages, Mantissia , est une femme au physique atypique : elle a l’apparence d’un humain mais les pinces, qui remplacent ses mains, et les antennes sur sa tête trahissent ses origines invertébrées de mante religieuse.

Éviter la routine

La passion d’Olivier pour le dessin est telle qu’il fut difficile d’orienter la conversation sur les travaux réalisés par notre artiste chez Prélude. Il travaille au secteur multiservice quatre jours par semaine. Il y fait des journées plutôt longues de huit heures, entrecoupées de pauses durant lesquelles… il dessine !

Du côté de l’atelier, il apprécie particulièrement les missions liées à la mise en sachet de pièces d’horlogerie. « C’est un travail de précision, mais une fois que tu as acquis la technique et les bons gestes, cela devient une routine… parfois ennuyeuse. Comme en travaillant, j’ai la possibilité d’écouter de la musique, cela émoustille ma créativité pour mes autres projets. » Il apprécie notamment les bandes-son des films de Disney, on en revient une nouvelle fois au dessin. Olivier regrette toutefois de ne plus travailler sur les câbles : il appréciait cette tâche consistant à les sertir ou les étamer.

La créativité et le talent d’Olivier pour le dessin sont des atouts précieux pour Prélude, notamment lorsqu’il s’agit de créer du contenu et des illustrations pour le journal interne réservé aux collaboratrices et aux collaborateurs de l’entreprise. Bien souvent, il convient même de le refréner un peu afin de laisser de la place aux autres rédacteurs. Gageons toutefois que l’artiste communiquera au sujet de l’évolution de son projet de manga et nous autorisera à le faire découvrir en avant-première sur les réseaux de l’entreprise.

Fabrice sur la Trotec

L’article ci-dessous a été travaillé et rédigé par le groupe Communication de Prélude SA composé de collaboratrices et de collaborateurs de l’entreprise. Nous les remercions de leur participation active à notre communication.

Fabrice, collaborateur du secteur Multiservices, travaille sur la « Trotec », la graveuse laser de Prélude SA. En effet, au fil du temps, il a démontré un fort intérêt pour cette technologie et a demandé aux Responsables du Secteur Multiservices d’être formé sur cette machine.

La formation interne de Fabrice a pris trois mois. Et, plus il explore et apprend à manier le laser de la machine, plus il démontre une envie de pousser plus loin sa formation.

La « Trotec » est une machine qui permet de fabriquer divers objets en bois, de graver sur le verre et parfois même sur l’aluminium éloxé grâce à une méthode de découpage et de gravage.

Cette graveuse laser est reliée à un ordinateur équipé d’un logiciel spécifique paramétré par le Maître socio-professionnel responsable de la machine. Puis, Fabrice se charge du reste.

Un œil aguerri

La partie découpe doit être soigneusement réalisée afin que le résultat final soit de bonne qualité. Par exemple, pour assembler les pièces d’une mangeoire pour oiseaux, Il est impératif que chaque pièce corresponde parfaitement aux mesures afin que l’assemblage soit possible. Ainsi, gérer cette machine demande, en permanence, des compétences de précision et un œil aguerri.

Le temps de découpe ou de gravage dépend de la matière ainsi que de la complexité du produit final que l’on cherche à obtenir.

C’est avec fierté que Fabrice exprime sa joie et sa reconnaissance à l’égard de ses Responsables d’avoir pu lui donner cette opportunité. Il dit se sentir valorisé au travers de ce travail et affirme haut et fort qu’il n’est pas prêt de s’arrêter !

« Mon handicap n’est pas une limite »

À 46 ans seulement, Raphaël est l’un des plus anciens collaborateurs de Prélude SA. Malvoyant, son handicap ne l’empêche pas d’être résolument optimiste, ni de se passionner pour sa collection de pièces de monnaie anciennes. Portrait.

Le parcours de Raphaël est marqué par plusieurs échecs qui l’ont empêché de décrocher un diplôme, sésame précieux et nécessaire pour trouver une place de travail. Il s’est donc tourné vers différentes institutions de réinsertion professionnelle. Ainsi, il a commencé sa vie active dans le canton de Vaud avant de rejoindre celui de Berne puis la ville de Bienne. Pour finir, son arrivée chez Prélude est le fruit d’une conjugaison de deux facteurs déterminants : un emploi proche de son domicile et des activités adaptées à son handicap. « Depuis que je suis chez Prélude, j’ai travaillé dans tous les domaines à l’exception du secteur mécanique, explique-t-il, je ne me fixe pas de limites. » En effet, plutôt combatif, il refuse d’être retenu par des barrières liées à ses problèmes de vue. « Je ne considère plus cela comme un inconvénient, mais plutôt comme un auxiliaire pour aller plus loin. Quand il y a une tâche à accomplir, si les autres y arrivent, pourquoi pas moi ? »

Le défi du numismate

Sportif, pratiquant la marche et le vélo tandem, cinéphile et mélomane, Raphaël a une autre corde à son arc plutôt surprenante et au nom pour le moins étrange : il est numismate, c’est-à-dire qu’il collectionne les pièces de monnaie. « J’en possède environ 400 qui vont de l’Antiquité à nos jours, même s’il y a toute une période, après le XVe siècle, qui ne m’intéresse pas spécialement. » De par ses lectures, Raphaël est un fin connaisseur de l’Antiquité et de l’époque médiévale. Ses problèmes de vue ne le gênent pas pour pratiquer sa passion : « Je peux reconnaître les différentes pièces, je rencontre des spécialistes et je consulte des sites dédiés sans trop de difficulté. »

Étant passionné d’histoire et de géographie, sa collection lui permet de réunir les deux thématiques. Et pour illustrer cela, un objet sort du lot : « Je possède une pièce de monnaie byzantine en or qui date du XIIIe siècle. L’histoire de cette civilisation m’a toujours fasciné, car elle se situe entre deux mondes, l’Orient et l’Occident. Un peu comme moi dans ma manière de penser », sourit-il. D’ailleurs, s’il le pouvait, notre collectionneur passerait à l’Est puisque son rêve serait de débusquer une pièce du Moyen Âge en provenance de Samarcande, une ville mythique d’Ouzbékistan qui le fait rêver, lui, qui est également fasciné par le légendaire Gengis Khan.

Le plus droit possible

Pour en revenir à ses activités chez Prélude, Raphaël admet qu’il est impossible de travailler les stores fermés ou de tamiser les lumières dans les ateliers. Toutefois, il reste avide de découvrir de nouveaux travaux et relève chacun d’entre eux comme un véritable défi. « Par exemple lorsque je dois fixer des autocollants, j’essaie d’être le plus droit et le plus précis possible », détaille-t-il. Au-delà du travail, il apprécie également la mixité des différences au sein de Prélude. « Ici, c’est un véritable reflet de la société, explique Raphaël, il y a toutes sortes de pathologies. Les humeurs sont variables, mais on essaie de se soutenir. »

À la fin de l’entretien, Raphael a souhaité transmettre un message plus profond et empreint d’optimisme : « Le handicap ne doit pas simplement nous définir, ce n’est pas non plus une excuse. Ma mère m’a toujours incité à aller de l’avant et à ne jamais penser au pire. C’est ce que je m’applique à faire quotidiennement. » Au moment de réfléchir à un visuel pour illustrer le présent article, il a volontairement choisi une photo-portrait en noir et blanc qui, explique-t-il, correspond à ce qu’il voit.

« Chez Prélude, on se sent valorisé »

À 30 ans, la vie de Roman est déjà bien marquée, notamment par une maladie chronique et quelques erreurs de jeunesse. Son arrivée chez Prélude, il y a un an et demi, lui a permis de se faire une nouvelle image du monde du travail, celle d’un lieu d’échange et de solidarité.

En début d’entretien, Roman s’inquiète de son visage tatoué. « Ne risque-t-il pas de donner une mauvaise image de Prélude ? » Cette remarque est une sorte de paradoxe : alors qu’il assume parfaitement son apparence, il veille à la réputation de l’entreprise qui l’accueille depuis plus d’une année et dans laquelle il se sent parfaitement à l’aise. « Je ne me dis jamais que cela va être pénible de venir travailler, j’aime cette ambiance familiale. On se soutient, avec les collègues », explique-t-il.

Roman est atteint de schizophrénie depuis l’âge de 15 ans. Une maladie qui a empiré avec l’âge, l’empêchant de poursuivre son travail de logisticien dans une entreprise régionale. Ensuite, c’est l’engrenage. Il s’éloigne du monde professionnel et de l’employabilité. Sa route suit un circuit trop classique : le chômage, le social et l’assurance invalidité à 100%.

Reprendre foi en ses qualités

Après des années d’errance, le déclic vient par l’intermédiaire d’un copain. « Un travail lui est tombé du ciel, alors qu’il n’avait ni boulot, ni CFC. Quand j’ai vu ça, j’étais convaincu que je pouvais retravailler. » Des éducateurs lui présentent Prélude. « Au départ, j’avais du mal avec l’idée d’intégrer une telle entreprise. Puis j’y ai effectué un stage de trois mois… On m’a gardé et j’ai adoré travailler ici. »

Sa venue chez Prélude lui a permis de reprendre confiance en lui et surtout en ses capacités. « Ici, j’ai découvert une nouvelle facette du monde du travail. Les maîtres socioprofessionnels sont empathiques, on travaille sérieusement, mais sans la pression constante inhérente à une entreprise strictement commerciale. »

Actuellement, le trentenaire travaille à 30%, ce qui représente quatre heures de présence quotidienne dans les ateliers de Prélude SA. S’il est sérieux à la tâche, Roman aime rigoler et raconter des blagues. Pour lui, cette intégration est importante : « Elle permet de se sentir utile et valorisé. Je peux me dire que je suis capable de le faire, de venir travailler », précise-t-il.

Changer l’image du social

Moniteur de catéchisme il y a une dizaine d’années, le jeune homme est également passé par des moments plus délicats, une période qui est tatouée, de manière concrète, sur son visage. « Oui, j’ai fait des bêtises, ces tatouages sont en signe de repentance. Quand tu regardes quelqu’un, tu vois ses yeux, son visage. Ainsi, c’est gravé pour moi, mais également pour les autres. »

Lorsqu’il ne travaille pas, Roman écrit du rap ou des poèmes, pratique le basket et la natation. Sa curiosité naturelle l’a amené à se porter volontaire afin d’intégrer le groupe communication de Prélude SA. « Je pense que les gens ont une mauvaise connaissance du milieu de la réinsertion, de la vie en foyer ou des bénéficiaires de l’AI. J’ai envie de changer cette image-là. » Il estime que c’est une chance d’avoir un tel système en Suisse de manière à protéger les personnes « qui n’ont pas choisi d’être malades ».

À l’aise sur son lieu de travail, il a pour objectif d’augmenter son taux autour de 50%. Il a conscience que le défi est de taille car il demande beaucoup d’investissement. Malgré cela, Roman souhaite porter un message d’espoir en produisant des textes qui parlent d’amour, de liens forts et solidaires entre les humains. Il est là, l’essentiel à retenir de ce parcours atypique.

Adapter le travail à chacun 

Le secteur multiservice est sous la responsabilité de trois maîtres socioprofessionnels. Éric Schranz est l’un d’eux. Mécanicien sur machine de formation et du fait qu’une porte se ferme pour son premier rêve l’a amené à intégrer le milieu du social. Un changement de cap effectué sans le moindre regret.

Arrivé au secteur multiservice de Prélude SA en octobre 2022, Éric Schranz n’est pourtant pas un inconnu des équipes de l’entreprise. Il en a côtoyé la majeure partie par le passé.

Après un apprentissage en mécanique, il a effectué son armée dans le secteur de l’aéronautique, un domaine qui le passionnait. À l’époque, son ambition était de trouver un emploi dans ce domaine, une aspiration qu’il ne parviendra pas à concrétiser… Ce qui, avec le recul, s’avère une très bonne chose ! En effet, sa découverte du milieu social n’est pas le fruit du hasard. « Je connaissais le directeur d’une institution qui cherchait un mécano pour animer la partie mécanique de son établissement. » Au départ, à 24 ans, il pensait que cette place n’était pas pour lui, donc il hésite. Il se laisse néanmoins tenter par une visite des ateliers, à la suite de laquelle il se ravise.

Après plus de vingt années d’expérience dans le social, Éric se sent à sa place et l’affirme sans ambiguïté : « Malgré tout ce temps, il n’y a pas eu un jour où je n’ai pas eu envie de venir travailler. » Après plusieurs emplois au sein de différentes institutions, il intègre Prélude, un lieu dont il connaît déjà les spécificités et l’ambiance régnante, « un directeur disponible et des relations agréables avec les collègues ».

L’importance de la communication

Au quotidien, son rôle est d’encadrer les collaboratrices et les collaborateurs de l’entreprise. Il s’enquiert de leurs soucis, est à l’écoute des questions ou des confidences de chacun. Au-delà de ces contacts sociaux, il est bien évidemment responsable de la distribution des différents travaux. « Nous travaillons avec les compétences à disposition et organisons nos mandats en mettant les bonnes personnes aux bonnes places, évitant ainsi la pression sur chacun », confie-t-il.

Pour mener à bien cette tâche, il compte sur son expérience mais également sur le soutien de ses collègues, Mathieu et Sylvie. Ensemble, ils relèvent deux défis : tout d’abord, tenir les délais des clients ; ensuite, éviter que les collaborateurs et collaboratrices manquent de travail. Ce dernier point « perturbe vite le fonctionnement de l’atelier ». 

Des produits 100% Prélude SA

Entre les commandes pour l’horlogerie, les tâches de conditionnement de joints ou les publipostages, pour ne citer que ces trois exemples, la diversité des tâches est plutôt réjouissante, selon le mécanicien : « Un jour, l’atelier est dans une configuration et le lendemain, son aspect peut changer du tout au tout. » Toutefois, Eric ne limite pas son rôle à l’organisation des commandes clients. Il intervient également dans le développement de solutions destinées à pérenniser l’activité de l’entreprise et de son secteur en particulier. « Avec Mathieu, nous réfléchissons à la conception de produits propres à Prélude, des objets que nous pourrions commercialiser », détaille-t-il.

De l’idée à la concrétisation, il n’y a qu’un pas que les trois maîtres socioprofessionnels (MSP) n’hésitent pas à franchir. Et de citer l’exemple du porte capsules à café : « Avec notre machine laser, nous en avons conçu un qui intègre le soleil du logo de Prélude. Et il est facile de le personnaliser à l’identité visuelle des clients. » Ce sont des idées qu’ils entendent mettre en place avec les collaborateurs et les collaboratrices désireux de travailler sur cette machine.