« Chez Prélude, on se sent valorisé »

À 30 ans, la vie de Roman est déjà bien marquée, notamment par une maladie chronique et quelques erreurs de jeunesse. Son arrivée chez Prélude, il y a un an et demi, lui a permis de se faire une nouvelle image du monde du travail, celle d’un lieu d’échange et de solidarité.

En début d’entretien, Roman s’inquiète de son visage tatoué. « Ne risque-t-il pas de donner une mauvaise image de Prélude ? » Cette remarque est une sorte de paradoxe : alors qu’il assume parfaitement son apparence, il veille à la réputation de l’entreprise qui l’accueille depuis plus d’une année et dans laquelle il se sent parfaitement à l’aise. « Je ne me dis jamais que cela va être pénible de venir travailler, j’aime cette ambiance familiale. On se soutient, avec les collègues », explique-t-il.

Roman est atteint de schizophrénie depuis l’âge de 15 ans. Une maladie qui a empiré avec l’âge, l’empêchant de poursuivre son travail de logisticien dans une entreprise régionale. Ensuite, c’est l’engrenage. Il s’éloigne du monde professionnel et de l’employabilité. Sa route suit un circuit trop classique : le chômage, le social et l’assurance invalidité à 100%.

Reprendre foi en ses qualités

Après des années d’errance, le déclic vient par l’intermédiaire d’un copain. « Un travail lui est tombé du ciel, alors qu’il n’avait ni boulot, ni CFC. Quand j’ai vu ça, j’étais convaincu que je pouvais retravailler. » Des éducateurs lui présentent Prélude. « Au départ, j’avais du mal avec l’idée d’intégrer une telle entreprise. Puis j’y ai effectué un stage de trois mois… On m’a gardé et j’ai adoré travailler ici. »

Sa venue chez Prélude lui a permis de reprendre confiance en lui et surtout en ses capacités. « Ici, j’ai découvert une nouvelle facette du monde du travail. Les maîtres socioprofessionnels sont empathiques, on travaille sérieusement, mais sans la pression constante inhérente à une entreprise strictement commerciale. »

Actuellement, le trentenaire travaille à 30%, ce qui représente quatre heures de présence quotidienne dans les ateliers de Prélude SA. S’il est sérieux à la tâche, Roman aime rigoler et raconter des blagues. Pour lui, cette intégration est importante : « Elle permet de se sentir utile et valorisé. Je peux me dire que je suis capable de le faire, de venir travailler », précise-t-il.

Changer l’image du social

Moniteur de catéchisme il y a une dizaine d’années, le jeune homme est également passé par des moments plus délicats, une période qui est tatouée, de manière concrète, sur son visage. « Oui, j’ai fait des bêtises, ces tatouages sont en signe de repentance. Quand tu regardes quelqu’un, tu vois ses yeux, son visage. Ainsi, c’est gravé pour moi, mais également pour les autres. »

Lorsqu’il ne travaille pas, Roman écrit du rap ou des poèmes, pratique le basket et la natation. Sa curiosité naturelle l’a amené à se porter volontaire afin d’intégrer le groupe communication de Prélude SA. « Je pense que les gens ont une mauvaise connaissance du milieu de la réinsertion, de la vie en foyer ou des bénéficiaires de l’AI. J’ai envie de changer cette image-là. » Il estime que c’est une chance d’avoir un tel système en Suisse de manière à protéger les personnes « qui n’ont pas choisi d’être malades ».

À l’aise sur son lieu de travail, il a pour objectif d’augmenter son taux autour de 50%. Il a conscience que le défi est de taille car il demande beaucoup d’investissement. Malgré cela, Roman souhaite porter un message d’espoir en produisant des textes qui parlent d’amour, de liens forts et solidaires entre les humains. Il est là, l’essentiel à retenir de ce parcours atypique.